Au Théâtre de la Cité internationale, dans un flux de gestes magistraux, Ola Maciejewska revisite la danse serpentine de Loïe Fuller. Intitulée BOMBYX MORI, sa chorégraphie de drapés dessine un ensemble de sculptures sombres, fluides et insaisissables. L’artiste et magicien Kalle Nio explore une toute autre obscurité avec sa compagnie WHS. Puisant dans le répertoire du spectacle de magie, du théâtre baroque et de la danse contemporaine, Cutting Edge s’empare d’épisodes classiques de décapitation et en révèle les significations cachées. Familier de la transdisciplinarité, Jocelyn Cottencin propose un parcours à travers des monuments, des statues, des mémoriaux qui scandent l’espace public. Sur le plateau, les douze interprètes de Monumental se rejoignent, engagent des situations, sortent du cadre… Les séquences s’enchaînent tandis que le public saisit au vol l’évocation d’une architecture, d’une œuvre, d’un artiste. Dans un spectacle convoquant la mythologie perse, le corps du danseur et chorégraphe iranien Ali Moini apparaît relié à celui d’une marionnette. À travers le proverbe qui donne son titre à la pièce – que l’on pourrait traduire par « Je suis celui dont Rostam était un héros » – résonnent les notions d’usurpation, de double et d’avatar qui caractérisent ce projet. Dans un tout autre environnement, deux hommes s’efforcent de créer du sens en utilisant divers objets comme des extensions de leurs corps. Associant l’univers de la plasticienne autrichienne Fanni Futterknecht et la large palette d’interprétation de Simon Tanguy et Roger Sala Reyner, I Wish I Could Speak in Technicolor offre une variation fantasque sur la métamorphose.
Une sculpture vivante : telle est Corbeaux, performance d’une rare intensité conçue par Bouchra Ouizguen pour une trentaine d’interprètes. Successivement accueillies dans six institutions franciliennes, celles-ci ne forment bientôt plus qu’un seul et même corps, mouvant et sonore. Bousculant l’ordre établi avec une danse de nuit résolument urbaine, Boris Charmatz livre une proposition engagée, tant dans l’espace et les gestes que dans notre époque. Qu’il pleuve ou qu’il vente, dans un lieu en friche ou une cour du musée du Louvre, ses six interprètes doivent s’adapter à des contextes inédits. Sollicitée par Jean de Loisy, président du Palais de Tokyo, dans le cadre de la Nuit blanche 2016 dont il assure la direction artistique, la Fondation d’entreprise Hermès a été conviée à investir la cour de l’Hôtel-Dieu. Avant la nuit dernière, du plasticien et chorégraphe Christian Rizzo, propose une étonnante mise en mouvement de ce site parisien méconnu. Associée à des fragments de son, son installation monumentale et éphémère transfigure les lieux.
Conçue par le metteur en scène Philippe Quesne, La Nuit des taupes (Welcome to Caveland!) dévoile un quotidien animalier aux accents d’humanité. En écho au thème de la caverne, une programmation complémentaire se déploie dans l’ensemble des espaces du Théâtre Nanterre-Amandiers. Dans cette même institution, la plasticienne française Lili Reynaud-Dewar se saisit du sujet dentaire pour orchestrer une métaphore des conflits sociaux secouant l’Amérique d’hier et d’aujourd’hui. Signe de revendication pour les rappeurs, incarnation des inégalités sociales et des difficultés d’accès aux soins aux États-Unis, les dents sont au cœur du projet comme de l’espace scénographique. Au Théâtre des Abbesses, une autre lutte physique s’engage dans Mettre en pièce(s) du chorégraphe Vincent Dupont. Inscrits dans le volume d’une installation, les corps des danseurs sont aussi potentiellement empêchés par le dispositif scénique.
Événement du Festival d’Automne 2016, The Wooster Group revient en France avec deux spectacles au Centre Georges Pompidou : The Town Hall Affair et Early Shakers Spirituals : A Record Album Interpretation. Le premier s’attache à un débat entre intellectuels, le second réinterprète des chants d’une communauté religieuse. Fondé en 1975, ce collectif emblématique du New York underground n’a cessé de se confronter à de multiples territoires en associant la performance, les arts visuels et le multimédia au travail du texte.
Enfin, pour la quatrième année consécutive, New Settings s’exporte aux États-Unis dans le cadre du festival Crossing the Line créé par le FIAF (French Institute Alliance Française). Après avoir accompagné la présentation à Paris, en 2015, du huitième épisode de l’œuvre protéiforme Life and Times du Nature Theater of Oklahoma, la Fondation soutient la présentation des épisodes 7, 8 et 9 à New York. Chaque épisode correspond à une période de la vie d’une Américaine de la classe moyenne, matérialisée à travers un nouveau moyen d’expression.