Le chorégraphe et danseur Gilles Jobin et le plasticien Julius von Bismarck se rencontrent lors d’une résidence au CERN (Conseil européen pour la recherche nucléaire), à Genève. Accueillis parmi les scientifiques, ils fusionnent leurs univers et imaginent QUANTUM, un hymne à la physique des particules pour six danseurs. “Comment utiliser des principes de la physique quantique pour mettre en action du mouvement concret ?” Tandis que cette problématique renouvelle l’approche du danseur, le plasticien conçoit une impressionnante sculpture luminocinétique. Sur scène, variations lumineuses et corps en mouvement sont sublimés par les étranges particules sonores de la compositrice Carla Scaletti.
Rencontre par œuvres interposées, SYSTEMA OCCAM est l’hommage d’un artiste reconnu, Xavier Veilhan, à une pionnière de la création musicale contemporaine, Éliane Radigue. La compositrice a livré à l’admiration du plasticien OCCAM I, un solo pour harpe écrit en 2004. Ce dernier imagine un prélude visuel et silencieux, habile à entraîner avec délicatesse le spectateur vers l’expérience d’écoute. Fragments de scènes rituelles, gestes du quotidien et trucages perceptifs s’enchaînent avant de laisser s’élever le son hypnotique de la harpe, magnifié par le jeu de Rhodri Davies.
Dans Urban Renewal, la performeuse et metteuse en scène Kyle deCamp revisite la mémoire de l’enfant qu’elle a été dans le Chicago des années 1960. Partant de l’idée que l’histoire du pâté de maisons de son enfance entre en collision avec l’histoire du monde, elle tisse flash-back personnels et images percutantes en une chronique de l’individu embarqué dans le tourbillon de l’urbanisation, du pouvoir et de la politique. Sur scène, l’installation du vidéaste Joshua Thorson ouvre un champ vertigineux, où la soliste flotte dans une vision pluridimensionnelle.
Reprenant un solo créé en 2008, le chorégraphe et interprète Ali Moini efface, défait, refait. Récit intime, autoportrait, Lives le conduit à une mise à nue sans concession autour de la fragmentation de l’identité et de l’impermanence de l’être. Le corps pris dans un réseau de câbles, le danseur se raconte grâce à un dispositif sonore conçu par le plasticien et musicien George Apostolakos. Un minutieux travail d’amplification démultiplie sa voix, son discours et sa narration, lui permettant d’explorer la complexité d’un moi pluriel.
Avec Qu’est-ce qui nous arrive ?!?, Mathilde Monnier et François Olislaeger font entrer le dessin dans la danse. Réunis par la chorégraphe, une vingtaine d’hommes et de femmes sans expérience de la scène convoquent leurs souvenirs : en boîte, en boum, au bal ou à la fête de l’école, qui n’a pas dansé ? Autant de moments suspendus qui s’animent en une farandole de bulles grâce au dessinateur qui, jouant en live du geste pictural, projette silhouettes et postures sur le fond de scène.
En 2013, New Settings s’exporte pour la première fois à New York. Trois créations soutenues par le programme de la Fondation sont à l’affiche du festival Crossing the Line, organisé par le FIAF (French Institute Alliance Française). La diffusion concerne deux spectacles de cette troisième édition – SYSTEMA OCCAM et Urban Renewal – et un spectacle soutenu lors de l’édition inaugurale de New Settings : Passage à l’acte de Fanny de Chaillé et Philippe Ramette.