Le déracinement, l’ailleurs géographique et mental sont des thèmes chers à Rachid Ouramdane, qui s’est souvent confronté au sujet de l’exil et de la migration dans ses créations. De Superstars à Sfumato, autant de manières de révéler des territoires aux spectateurs, de faire vibrer sur scène l’imaginaire de ceux qui ont connu puis quitté un lieu. Pour Franchir la nuit, le chorégraphe s’attache à la figure des enfants migrants qui, très jeunes, doivent partir loin de chez eux et sont confrontés à l’espoir et à la désillusion.
Après le déplacement géographique s’ensuit celui de la pensée. Dès lors, comment rendre compte de l’exil intérieur et des souvenirs de pays lointains qui affleurent ? Lors de la création, Rachid Ouramdane a travaillé en amont avec des enfants en exil, dont il a écouté les récits et tenté d’en restituer poétiquement l’écho. Dans chaque ville où Franchir la nuit se joue, un travail de transmission de la matière chorégraphique est effectué avec des enfants de la région, et rencontre leur histoire propre. Ces enfants se partagent l’espace du plateau, transformé en parterre d’eau, avec six danseurs professionnels.
Pour Rachid Ouramdane, aborder l’exil revient également à révéler le lien qu’un corps entretient avec un lieu et un espace. La chorégraphie, la scénographie et le travail du vidéaste Mehdi Meddaci laissent deviner des paysages, tandis que la musicienne Deborah Lennie-Bisson enveloppe le spectacle d’une bande son variée alternant l’interprétation de ses propres compositions, de chants locaux et de hits internationaux.