Jeremy Sharma (1977, Singapour) crée des objets au statut ambigu. Croisant volontiers les disciplines et les médiums, il s’intéresse notamment aux possibilités de matérialisation de ce qui relève a priori de l’impalpable, des souvenirs aux données. Parmi ses œuvres les plus connues figure ainsi une série de sculptures aux reliefs énigmatiques, inspirées des pulsars – ces corps célestes qui émettent des ondes radio. Intitulée “fidelity”, son exposition personnelle à Aloft transporte les visiteurs au cœur de différentes communautés culturelles d’Asie du Sud-Est. Des mélodies nostalgiques des Kristangs, descendants de Portugais arrivés au XVIe siècle en Malaisie, aux sonorités perses et arabes émaillant les chants rythmiques des Rohingyas, l’artiste a enregistré des chansons traitant d’amour et de croyance. Sculptant la voix et le langage, à la manière d’un matériau portant la mémoire d’événements historiques, il présente ici sa première installation exclusivement sonore.
À Aloft, Xavier Antin (1981, France) s’inspire quant à lui de la ville de Singapour, de la luxuriante végétation tropicale de ses parcs et jardins comme de l’importance de ses services bancaires et financiers. Son exposition dévoile un paysage suspendu de pans de tissus aux motifs floraux, obtenus en mêlant des techniques de production manuelles et digitales. Le léger souffle qui l’anime provient des ventilateurs ornant une sculpture. Connectée à une plateforme de transactions de bitcoins, celle-ci est programmée pour commander un bouquet à livrer dans l’espace d’expositions à chaque fois qu’un certain gain est atteint. Explorant les riches tensions entre la technologie et la nature, le visible et le caché, la vanité dans la peinture traditionnelle et la condition humaine contemporaine, Xavier Antin revisite ici le thème ancestral de la représentation florale.