Du 5 au 25 février 2019, Tomoko Mukaiyama dessine les conditions d’une expérience rare au sein de l’espace japonais de la Fondation d’entreprise Hermès. Présente quotidiennement de 11h à 20h, la pianiste de renom déroule une partition de sa signature, laissant parfois libre cours à l’improvisation. Également artiste visuelle, Tomoko Mukaiyama mêle les genres et en dissout les frontières habituelles. Oscillant entre le format codifié du concert et celui, plus ouvert, de la performance, elle célèbre trois semaines durant l’éclosion printanière – les premières notes étant jouées à l’occasion du premier jour du printemps au Japon. En situant au cœur de sa démarche les liens intangibles pouvant se tisser entre elle et les visiteurs, ses auditeurs, elle en interroge également la place et le rôle. Que deviennent un concert, une performance, en l’absence de tout public ?
Diplômée de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, où elle a étudié sous la direction de Jean-Michel Alberola, Mari Minato (Japon, 1981) éblouit par l’assurance de ses gestes peints, par leur puissance à faire surgir des mondes. Dans le cadre d’une invitation exceptionnelle, l’artiste réalise une œuvre monumentale à l’échelle de la façade de verre du bâtiment de Renzo Piano. Jouant avec les caractéristiques de verticalité et de transparence propres à cette architecture, elle imagine une forme circulaire qu’elle relie à la notion de “réceptacle”. Monumentale et discrète, enveloppante et ouverte, l’œuvre peinte évoque également l’enso du bouddhisme zen. Au terme de trois mois d’études, les techniques adoptées pour la réalisation de la peinture extérieure subliment le bâtiment. Offerte au regard des passants, l’œuvre semble issue d’un seul et même geste. Au sein de l’espace d’exposition en tant que tel, Mari Minato réalise également des peintures murales aux formes organiques et flottantes, vibrantes.
Au sein de l’espace d’exposition en tant que tel, Mari Minato déploie des formes au fil de la couleur qu’elle applique librement sur de grands lés de papier. En résulte une installation tout en légèreté, dont les motifs peints, qui transcendent les civilisations, sont autant d’invitations à méditer.
À l’automne 2019, Reiko Setsuda, la commissaire d’expositions du Forum, donne carte blanche à son confrère Guillaume Désanges, qui signe les expositions de La Verrière, à Bruxelles. À cette occasion, ce dernier prolonge à Tokyo le projet expérimental dédié à la perception qu’il a engagé en 2018 dans l’exposition d’Ismaïl Bahri, “Des gestes à peine déposés dans un paysage agité”. Le travail de l’artiste franco-tunisien se distingue par des interventions minimales et des gestes ténus qui nous invitent à regarder détails, incidents, variations infimes à la limite de l’imperceptible. Cette fois, Ismaïl Bahri transforme le bâtiment en verre de la maison Hermès de Ginza en un dispositif optique qui, tour à tour, révèle ou cache le monde extérieur. Installation globale comprenant vidéos, objets, peintures et dessins, “Invisible Concern” nous renvoie à notre perception de la lumière, au vacillement entre le visible et l’invisible, à l’ineffable anxiété cachée entre la surface des choses et tout un monde qui échappe a priori à notre regard.