Avec une exposition dédiée à Claire Fontaine, la programmation 2024 de l’Atelier Hermès s’ouvre par une proposition artistique engagée. Depuis sa création à Paris, en 2004, cette « artiste collective » — une identité genrée au féminin singulier — revendique l’emprunt de références et d’œuvres d’art existantes pour nourrir une esthétique de la répétition plutôt que de créer de nouvelles œuvres foncièrement « originales ». Le nom de Claire Fontaine rend notamment hommage à la Fontaine de Marcel Duchamp (1917) — influence qui transparaît dans le titre de son exposition à l’Atelier Hermès : « Beauty is a ready-made ».
Dix œuvres sont ici rassemblées, parmi lesquelles des sculptures en néon de la série « Foreigners Everywhere », dont le titre a inspiré celui de la 60e Biennale de Venise ouvrant ses portes au printemps 2024. Avec efficacité, Claire Fontaine pose un regard critique sur le patriarcat, la crise climatique ou encore les inégalités dans le monde, proclamant que « l’art est devenu un lieu pour les réfugiés politiques ». En témoigne la pièce Cut-up, exposée pour la première fois, qui explore l’histoire et la complexité culturelle de la migration à Palerme (Italie) où travaille le collectif. Et si, face à l’impuissance politique, l’art avait le pouvoir de transformer le monde ?
Figure de proue de l’art post-internet en Corée du Sud, Heecheon Kim interroge pour sa part les ressorts de notre société contemporaine. À l’appui de la vidéo et des nouvelles technologies familières aux jeunes générations, le plasticien né en 1989 s’attache à dépeindre la dépression et la frustration qu’elles ressentent face à l’avenir. Lauréat du 20e Hermès Foundation Missulsang, Heecheon Kim est invité à exposer à l’Atelier Hermès, où il continue de sonder notre époque dans le cadre de l’exposition « Studies ». Il y présente un film de fiction au titre éponyme qui, empruntant au genre horrifique, met en scène l’équipe de lutte d’un lycée confrontée à une disparition avant une compétition nationale. Dans ce format de 30 minutes, le plasticien s’empare des codes des films d’horreur pour traduire puissamment les états psychologiques traversés par les personnages. Quelle est l’essence de la peur dans une époque dominée par la technologie ?