Inauguré en 2000, le beau volume sous verrière pyramidale a depuis accueilli nombre d’expositions. De 2008, année où La Verrière rejoint le domaine d’action de la Fondation d’entreprise Hermès nouvellement créée, à 2013, lorsque Guillaume Désanges succède à Alice Morgaine, seize expositions personnelles sont organisées par la commissaire. Autant de projets inédits, spécifiquement conçus pour le lieu aux mille variations lumineuses, et un moment unique dans le parcours de chaque artiste invité. Au rythme des mois se dévoilent des univers créateurs aux formes et aux enjeux propres. Si la ligne artistique est volontairement laissée libre, certains traits donnent leur coloration à la programmation d’alors. Les artistes invités, qu’ils soient internationalement reconnus ou bénéficient à La Verrière de leur première exposition personnelle, vivent et travaillent en Europe. Souvent proches des questionnements de l’abstraction, tous développent une démarche sculpturale ou picturale, à l’exception de Fabien de Cugnac, dont la rétrospective des vues d’exposition a marqué les dix années d’ouverture de l’espace.
Jouant sur les paradoxes, les interventions se font parfois aussi monumentales que discrètes : Lionel Estève fait chuter une constellation perlée de l’ouverture sur le ciel ; Charlotte Charbonnel fait rayonner les cordes d’un instrument à la fois sonore et silencieux. La radicalité historique de l’art minimal vient à l’esprit face aux volumes géométriques de Jean-Gabriel Coignet ou aux lettres érigées de Peter Downsbrough. La relation à l’architecture semble par ailleurs essentielle dans la genèse de plusieurs projets. C’est notamment palpable lors de la visite de l’exposition imaginée par Danae Stratou ou de celle de Jean-Charles Pigeau. Du dialogue avec la luminosité si changeante du lieu initié par Monique Frydman et Aïda Kazarian à l’immense falaise peinte par Stéphane Erouane Dumas, de l’œuvre reconnaissable entre toutes de Claude Viallat aux contradictions suscitées par celle de Christian Bonnefoi, la peinture est ici toujours restée vivante. La même année, les apparitions tracées dans la suie par Patrick Neu paraissent indirectement répondre aux entrelacs noirs de Côme Mosta-Heirt. Située au cœur de la capitale de l’Union européenne, La Verrière a aussi montré des installations socialement engagées de Barthélémy Toguo et de Claude Lévêque.