L’exposition inaugurale du cycle a réuni des artistes de génération et d’univers différents, qui ont en commun de travailler leur médium de manière processuelle et critique. Si l’on ressent parfois plus qu’on ne comprend leurs œuvres, le pari est qu’une émotion naît précisément de ce moment où le discours n’opère plus. Au sein de l’espace, celles-ci ont également été mises en résonnance avec les mots de poètes contemporains.
Plusieurs des artistes présents dans cette exposition collective bénéficient par la suite d’une exposition personnelle au sein du cycle. Intitulée “Soft résistance”, celle de Hessie (Caraïbes, 1936 – France, 2017) a constitué un moment essentiel de la redécouverte de son œuvre. Nourries par l’art minimal comme par l’artisanat, ses variations de motifs abstraits et géométriques, réalisés sur des toiles de coton, offrent de subtiles partitions visuelles.
Avec “NOVELTY Ltd.”, une collaboration inédite a été impulsée entre deux artistes travaillant à Bruxelles, Douglas Eynon (Royaume-Uni, 1989) et Erwan Mahéo (France, 1968). Bouleversant la topographie de l’espace, leur exposition s’est présentée comme la matérialisation d’un espace mental.
Pour son exposition “Punctuations and Perforations”, Tris Vonna-Michell (Royaume-Uni, 1982) a associé recherches, photographie, film et écriture dans des dispositifs rigoureux et élégants, dévoilant des récits si fragmentés qu’ils en devenaient mystérieux. Dora García (Espagne, 1965) a ensuite transformé l’espace sous verrière en une scène, sur laquelle se sont succédé des performances quotidiennes, en présence des visiteurs.
“En angle mort”, le titre de l’exposition de Jean-Luc Moulène (France, 1955), est bien évidemment à double sens. Concrètes, terrestres, soumises à la gravité autant que mouvantes, ses œuvres s’animent sous l’effet d’un ingénieux système de miroirs mobiles.
Le travail du duo d’artistes Marie Cool (France, 1961) et Fabio Balducci (Italie, 1964) a cette manière unique de toucher à la poésie dans la précision et la rigueur du geste répété. L’exposition déplie un ensemble de leurs expériences sensibles, conçues comme une manière de signifier une présence, mais aussi de percer des issues vers des rives plus troubles de la perception.
Le cycle se referme avec une exposition personnelle de Jacqueline Mesmaeker (Belgique, 1929). Depuis le milieu des années 1970, l’artiste développe une œuvre aussi discrète qu’originale, mêlant dessins, films, sculptures, installations, photographies et éditions. À La Verrière, Jacqueline Mesmaeker présente une libre composition d’œuvres existantes et de productions spécifiques, inspirée par le lieu. L’œuvre autour de laquelle s’articule son exposition est une photographie en noir et blanc d’un paysage, accompagnée d’une mention imprimée : “Versailles avant sa construction”. À travers cet énigmatique sous-texte, une réflexion sur le paysage et sa construction se dessine sous la forme d’un jeu de piste.
“Des gestes à peine déposés dans un paysage agité” : le titre de l’exposition d’Ismaïl Bahri (Tunisie, 1978) est un programme en lui-même. Pour sa première exposition personnelle en Belgique, l’artiste franco-tunisien transforme l’architecture du lieu pour en faire une sorte d’instrument optique, jouant sur des jeux d’ombre et de lumière, d’apparition et de disparition. Des formes, des objets, des dessins et des vidéos accompagnent des percées de lumière naturelle.