“O philoi, oudeis philos”, la première exposition de cette année 2017, emprunte son titre à une citation attribuée à Aristote. Le philosophe Jacques Derrida en privilégiait la traduction suivante : “Celui qui a trop d’amis n’en a aucun”. Six jeunes artistes coréens ont chacun été invités à imaginer spécifiquement une œuvre pour l’Atelier Hermès. Convoquant la première décennie d’existence de l’espace d’expositions, la commissaire leur a indiqué toute une histoire à parcourir. Il s’agissait pour les artistes de prendre connaissance des expositions passées, et de comprendre à la lumière du présent ce qu’elles pouvaient indiquer pour l’avenir. Park Kiljong, Yoon Hyangro et Baek Kyungho se sont attachés à en faire entendre différentes voix, tandis que Kim Minae et Kim Yunha ont travaillé à partir de mots clés. Enfin, Kim Heecheon a proposé un voyage spatio-temporel grâce aux moyens offerts par la réalité virtuelle.
Dans l’exposition “When Two Galaxies Merge”, l’artiste Yangachi (Corée, 1970) matérialise différentes visions personnelles du futur. Le lauréat du Hermès Foundation Missulsang 2010 transforme l’Atelier Hermès en un immense espace scénique. Plongé dans la pénombre, celui-ci est envahi de divers objets, dont des chandeliers et des cages à oiseaux, et ponctuellement enveloppé de sonorités variées. La situation paraît transitoire : quelque chose pourrait advenir, sans que l’on puisse pour autant le prévoir. C’est une expérience qui se joue autour de la rencontre en ce qu’elle peut avoir d’inévitable ou d’imprévu, poétiquement comparable en cela à la naissance d’un sentiment amoureux. “When Two Galaxies Merge” s’inscrit parfaitement dans l’œuvre de Yangachi, qui cherche à créer un langage artistique qui ne soit pas seulement fondé sur la vue, mais qui engage d’autres sens.
“On the Corner of Londres and Allende Streets (1938-1954)” est une exposition personnelle de Rosa Maria Unda Souki (Venezuela, 1977). L’artiste l’a conçue à partir de ses recherches exhaustives sur “La Casa Azul”, du nom de la maison bleue située à Mexico où la peintre mexicaine Frida Kahlo est née et a été élevée, a aimé et souffert dans sa chair. Il s’agit plus précisément du troisième chapitre du projet conséquent développé par Rosa Maria Unda Souki autour de cette maison. Réunissant une série de trente-cinq peintures et un documentaire vidéo, l’exposition se concentre sur la dernière période de la vie de Frida Kahlo, comprenant les années de sa séparation puis de son remariage avec Diego Rivera, jusqu’à sa mort. En plaçant la mémoire au cœur de son travail, Rosa Maria Unda Souki restitue le passé dans le présent éternel de la peinture. À travers l’histoire de cette maison, c’est aussi sa propre expérience d’artiste et de femme qu’elle explore.