Désormais placé sous la direction artistique de la commissaire d’exposition coréenne Soyeon Ahn, l’Atelier Hermès accueille le projet « Au Magasin de nouveautés » imaginé par Sojung Jun, 18e lauréate du Hermès Foundation Missulsang décerné tous les deux ans. En amont de cette exposition, l’artiste a bénéficié d’une résidence de quatre mois à Paris en 2019, guidée par les écrits du poète coréen Yi Sang (1910-1937) auquel elle emprunte le titre – en français – de son exposition. Née en 1982, la plasticienne a produit une vidéo issue d’une exploration urbaine et contemporaine de Séoul, Paris et Tokyo, juxtaposée avec la pensée de l’écrivain qui a théorisé une « modernité d’imitation ». Cette vidéo ambitieuse est accompagnée d’une série de sculptures réalisées à partir de matériaux de récupération. Sojung Jun présente également un essai dédié au poète coréen rédigé à partir d’échanges avec des admirateurs de son œuvre. Sous ses multiples facettes, son exposition met en tension la traduction de l’histoire, de la culture et du temps.
Lui succèdent cinq artistes coréens qui s’attachent à explorer le thème de “l’ailleurs” dans l’exposition homonyme “Elsewhere”. À rebours de l’injonction contemporaine de “l’ici et maintenant” renvoyant à une topographie limitée qui n’est autre que notre réalité, cette exposition collective offre cinq alternatives artistiques pour tenter de s’en échapper. Qu’il s’agisse d’une sculpture à l’envers (Kim Donghee), d’une chambre secrète (Kim Heecheon), d’un dessin reposant sur la répétition (Noh Sangho), d’une vidéo documentaire (Son Kwangju) ou d’un paysage urbain renversé (Cho Jaiyoung), chacune de ces propositions invite à considérer une réalité parallèle et invisible. Autant de pistes de réflexion qui aboutissent à une même conclusion : “La vie est ailleurs” !
L’année 2020 se clôture avec une exposition monographique dédiée à Cyprien Gaillard. Lauréat du Prix Marcel Duchamp en 2010, l’artiste français né en 1980 est reconnu pour le regard qu’il porte sur le monde contemporain au croisement de la civilisation et de la nature, de la subculture et du sublime. À l’Atelier Hermès, Cyprien Gaillard présente vingt-quatre polaroïds, dont vingt réalisés cette année à Los Angeles : sous le titre Everything But Spirits, ces images récentes superposent bouteilles d’alcool et plantes selon un processus de double exposition. Le plasticien confronte une nouvelle fois l’environnement naturel avec les pièges de la consommation, dans le prolongement de deux autres vidéos plus anciennes, également présentées à Séoul. En effet, The Lake Arches (2007) et Cities of Gold and Mirrors (2009) mettent toutes deux en regard, déjà, l’homme et la nature dans un contexte architectural postmoderne. Agissant comme un archéologue du temps présent, Cyprien Gaillard continue de développer une œuvre ambiguë entre fascination romantique pour la ruine des civilisations et portrait inquiétant d’une humanité consumériste.