Dans les années 1920, la comédienne et chanteuse Habiba Msika (1903-1930) bouscule les conventions sociales et les genres artistiques en Tunisie. Elle se démarque par son audace, sa parole libre, son amour pour la Tunisie et, en miroir, par son engagement contre le colonisateur français. Passionnée par la scène, elle est adulée au cours d’une carrière aussi brève qu’éclatante. Brûlée vive par son ancien amant à 27 ans, l’artiste accède au statut d’icône.
Presque un siècle plus tard, la danseuse Malek Sebaï, fascinée de longue date par cette diva flamboyante, lui rend hommage dans un solo chorégraphié par Radhouane El Meddeb, en collaboration avec le pianiste et compositeur Selim Arjoun. Avec Nous serons tous dévorés par le feu, le trio tunisien élargit cette évocation d’Habiba Msika à un questionnement commun sur ce que signifie être aujourd’hui un artiste créateur dans une société arabe méditerranéenne. À partir de leurs parcours respectifs nourris de plusieurs cultures, ils revendiquent la liberté comme un impératif absolu, dans la création comme dans la vie.
Une manière d’inviter sur scène une multiplicité de mémoires, d’histoires et de traces inscrites dans la complexité urbaine et sociale de la cité phocéenne – comme un lointain écho à Tunis, hantée par la figure d’Habiba Msika. Dans le cadre de son programme Artistes dans la Cité, la Fondation d’entreprise Hermès soutient ce spectacle dédié à une figure mythique de la Tunisie, dont la voix résonne encore comme celle de la modernité et de la transgression, et porté par des artistes engagés.