Jihyun Jung (Corée, 1986) s’inspire de l’environnement d’une ville telle que Séoul. La capitale de la Corée du sud, troisième mégalopole la plus peuplée au monde, offre un décor en mouvement permanent. Attentif aux modes de vie urbains, l’artiste collecte inlassablement les rebuts les plus divers, récupère des matériaux pauvres et bruts d’origine variée. Au sein de son vaste atelier, Jihyun Jung les accumule en vue de les retravailler à la main. Modifiant leur éventuelle fonction première, il les assemble pour créer des sculptures et des installations dont la forme n’apparaît jamais définitivement figée. Intitulée “Multipurpose Henry” en référence au sculpteur britannique Henry Moore, son exposition personnelle à l’Atelier Hermès en dévoile un ensemble inédit. Difficilement identifiables, ses œuvres paraissent insaisissables : elles ont le pouvoir de défier celui qui chercherait à les définir précisément.
Après s’être intéressée aux espèces végétales de l’île de Jeju, où elle réside, Oksun Kim (Corée, 1967) renoue avec un genre qui a longtemps dominé sa pratique : le portrait. Héritière de la straight photography américaine, la photographe creuse des thématiques de recherches qui irriguent l’ensemble de son œuvre. Dans la série inédite qu’elle présente à l’Atelier Hermès, Oksun Kim s’est penchée sur un épisode de l’histoire coréenne moderne, lié à une vague d’immigration en Allemagne de l’Ouest dans les années 1960 et 1970. Elle est plus précisément partie à la rencontre de nourrices coréennes qui ont élevé de nombreux petits Allemands. À l’image, les retraitées paraissent souvent figées dans des positions physiques instables. Comme une manière d’inviter le regardeur à interroger sa propre histoire.
L’exposition “Silver memories: how to reach the origin” part d’un postulat : le tarissement progressif des ressources minières va conduire à la disparition d’un métal crucial, l’argent. La production de films argentiques serait donc en sursis et, de facto, la photographie traditionnelle. L’image est donc au cœur de l’installation que Daphné Le Sergent propose à l’Atelier Hermès, doublée d’une réflexion sur la mémoire. Née en Corée en 1975, installée à Paris, l’artiste pétrie d’une double culture invite le public à identifier l’argent au cœur de ses tirages. Cette dissociation entre matière première et œuvre finale fait écho à d’autres histoires circulaires : la découverte originelle du minerai jusqu’à son épuisement redouté, l’exploitation des mines mexicaines par les Européens et leur responsabilité dans la destruction de cultures indigènes… Une installation raffinée qui offre de multiples lectures au public : historique, politique, écologique et, naturellement, artistique.