Installée à proximité de Bruxelles, Pélagie Gbaguidi a métamorphosé un ancien café de village pour en faire son atelier. Les œuvres prélevées dans cet espace révèlent, dans la lumière de La Verrière, toute leur incandescence. Dans de multiples formats et supports (sacs de farine, feuilles de carnets, draps, pages de livres, etc.), la plasticienne déploie des motifs marqués par une frontalité certaine dont émane paradoxalement “une sérénité sans commentaire”, selon Joël Riff.
Le sentiment d’humanité l’emporte sur les contextes douloureux dont s’empare Pélagie Gbaguidi en mêlant peinture acrylique, crayon gras, fusain, pastel sec, pigments… La puissance de son travail se déploie sur les murs de La Verrière, transformant la matière et les mémoires. L’artiste confie “ne pas être inspirée, mais appelée”. “C’est dire combien elle se rend disponible aux contextes qu’elle traverse, souligne le commissaire. Elle donne forme aux trames sociales qui l’émeuvent, dans une dynamique de célébration et de joie.”
Pour accompagner ses œuvres, le collectif Aygo, composé de quatre jeunes créateurs issus de la Design Academy Eindhoven, scande l’espace d’objets provenant de leur maison, création collective en constante évolution et autre forme d’antre. Des pièces majeures de Marianne Berenhaut (née en 1934) et de Hessie (1933-2017) confèrent une densité supplémentaire à l’ensemble.
Née à Dakar (Sénégal) en 1965, Pélagie Gbaguidi vit à Bruxelles depuis 2000. “Antre” est sa première exposition monographique dans la capitale belge. Son travail figure dans d’importantes collections publiques belges, françaises, suisses et américaines.