Bâtir un autre monde est un objectif partagé à grande échelle, mais les méthodes pour y parvenir paraissent diverger. L’art propose d’autres modalités pour atteindre ce but, à travers l’imaginaire, la fiction, qui permettent de créer des brèches fructueuses dans le réel. Poursuivant la réflexion écologique engagée dans le cadre du cycle « Matters of concern | Matières à panser », Guillaume Désanges a souhaité élargir le champ à la science-fiction pour, peut-être, mieux se réapproprier l’avenir. Réunissant quinze artistes, l’exposition « Tactiques du rêve augmenté » propose, selon le commissaire, un « archipel de formes incertaines qui sont autant de portes ouvertes sur des univers parallèles, affirmant l’imaginaire comme outil de transformations politiques et sociales ». À La Verrière, quelques figures plus reconnues côtoient ainsi une jeune génération d’artistes, tous animés par une même perspective teintée d’onirisme : dans une hybridation des médias et des concepts, chacun d’eux propose une alternative des plus stimulantes pour accéder au réel par des voies détournées.
À la suite de cette exposition collective, l’approche sensorielle prend le pas sur la science-fiction. L’artiste franco-gabonaise Myriam Mihindou transforme en effet l’espace de La Verrière en un lieu d’expériences partagées, proposant au public de faire corps avec les œuvres ancrées au sol, au cœur d’une vaste fresque qui se déploie tout autour, tel un paysage mental. Comme son titre le suggère, « ÉPIDERME » est une exposition à éprouver physiquement, voire intimement : une invitation à privilégier le sensible et à célébrer la vie, dans sa dimension organique et sensorielle, selon une démarche qui allie sobriété et économie de moyens. Avec cette proposition qui remet le vivant au cœur de l’art, Guillaume Désanges conclut, en tant que commissaire de La Verrière, une décennie intense d’expositions bruxelloises programmées par la Fondation d’entreprise Hermès.