Pour inaugurer son partenariat avec la Fondation d’entreprise Hermès, le centre d’art Vent des Forêts invite Andrés Baron, né en 1986 à Bogotá (Colombie), à exposer à La Grande Place, musée du cristal Saint-Louis. Après avoir visité la Cristallerie, rencontré les artisans et exploré les archives de la manufacture, le plasticien diplômé de l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris (France) a imaginé un ensemble inédit de créations visuelles et sonores qui résonnent avec les collections du musée. Avec une suite d’onomatopées en guise de titre – « Cling Cling Boum » –, cette exposition personnelle présente de multiples interactions tactiles et sensibles issues de la manipulation des corps, des sons ou des objets par l’artiste. Ses performances filmées, ses photographies comme son travail sonore irriguent un langage onirique à l’appui de gestes précis et des propriétés uniques du cristal.
Lorsque le plasticien Lionel Sabatté s’est immergé à son tour dans la Cristallerie Saint-Louis à l’invitation du centre d’art Vent des Forêts, c’est la métaphore de l’abeille et de la ruche qui lui est apparue en observant le ballet incessant des artisans. Après cette première impression, il a composé un parcours inédit pour La Grande Place. Les œuvres qui y prennent place évoquent la nature, particulièrement les abeilles et le végétal, mais aussi le minéral, essentiel au travail du cristal. Avec cette exposition simplement intitulée « La Ruche », Lionel Sabatté poursuit son travail dédié à la sphère du vivant et aux transformations de la matière. La combinaison d’éléments puisés dans la nature, proches de résidus, donne vie à un bestiaire hybride, troublant mais néanmoins empreint de poésie. Dans l’écrin de La Grande Place, non loin des pièces de cristal les plus délicates, le plasticien né en 1975 à Toulouse approfondit sa réflexion sur la place que nous occupons au cœur d’un monde toujours plus fragile.
La fragilité transparaît également dans le travail de Noel Varoqui, né en 1982 à Dourd’hal en Moselle, dont l’exposition « on n’est forteresse » vient clore la programmation du centre d’art Vent des Forêts à La Grande Place. Aspirant à une pratique picturale ascétique, le peintre, installé dans un village de la Meuse en pleine forêt et engagé dans une quête de l’intériorité du vivant et de l’inerte, s’attache à la précarité de ce qui nous entoure. Au sein de La Grande Place, il propose un ensemble de toiles réalisées après avoir observé la qualité plastique des collections du musée du cristal Saint-Louis et les jeux de lumière inhérents à ce lieu. Avec une palette réduite à trois pigments qu’il illumine d’un blanc éclatant, il représente, entre ombres et lumières, des drapés, des végétaux fanés, des objets rebuts. Poursuivant son répertoire de natures mortes pensées comme des vanités, le peintre engage un dialogue fécond avec les pièces du musée : par leur raffinement et leur fragilité, celles-ci répondent avec justesse à ces motifs propres à l’histoire de l’art qui incarnent le caractère fugace et illusoire des choses, reflet de notre condition.