Au cœur de la Guyane française, la réserve naturelle des Nouragues est un vaste territoire protégé de 105 000 hectares au sein duquel 9000 hectares sont accessibles aux chercheurs afin qu’ils mènent des missions au plus près d’une biodiversité remarquable. C’est dans ce contexte privilégié qu’une mission scientifique est actuellement conduite, avec le soutien de la Fondation d’entreprise Hermès dans le cadre de son programme Biodiversité & Écosystèmes, pour étudier le caïman gris, une espèce forestière au mode de vie méconnu.
Sous l’intitulé “Effets des perturbations anthropiques liées aux éléments traces sur l’écologie, l’écotoxicologie et la physiologie des caïmans de Guyane française”, cette recherche vise à mieux comprendre le comportement de cette espèce, à connaître son environnement pour en favoriser la conservation et à étudier les éventuelles contaminations dont elle peut être victime. Situés au bout de la chaîne alimentaire, les caïmans accumulent de fait tous les polluants stockés par les proies et les plantes successivement ingérées : ils constituent à cet égard un indicateur précieux, notamment sur la contamination au mercure due à l’orpaillage qui perturbe l’écosystème de la région.
Étalée sur trois ans (2019-2022), cette recherche est menée conjointement par Jérémy Lemaire, doctorant à l’université de La Rochelle, avec le concours de ses deux institutions de tutelle, le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et le Muséum national d’histoire naturelle de Paris. Avec une petite équipe de chercheurs, le doctorant effectue régulièrement des missions sur place pour recenser les populations de caïmans, observer leur comportement et réaliser des relevés et analyses. L’ensemble des connaissances acquises va permettre d’acter l’impact délétère de l’orpaillage et de mettre en place des mesures pour favoriser la préservation de cette espèce.