En sciences, le Tapetum Lucidum désigne la couche réfléchissante située au fond de la rétine qui fait briller les yeux de certains animaux dans la nuit. Par analogie, Tam Ochiai s’approprie ce terme pour intituler son exposition qui rassemble des œuvres au caractère vif et chargé d’humour : elles absorbent en cela une lumière qui parfois nous échappe pour la réfléchir en un éclat. Issues de différentes séries réalisées au cours des vingt-cinq dernières années, peintures, sculptures, photographies et vidéos réunies au Forum composent une rétrospective de l’artiste né au Japon en 1967 et établi à New York depuis 1990. Aucune pièce n’est autonome du point de vue narratif, chacune participant au contraire à perturber l’ensemble. Attaché à révéler des sens cachés et des relations inattendues, l’art de Tam Ochiai continue de sonder un monde protéiforme, riche de significations poétiques et de résonances complexes.
Le Forum accueille ensuite une exposition collective orchestrée par le Franco-Britannique Mathieu Copeland, commissaire invité établi à Londres. Avec le projet “Exhibition Cuttings”, il livre une métaphore de l’exposition en tant que corps organique qui grandit artificiellement, tout en recourant à sa méthode du montage à partir d’expositions passées. Le Forum est ainsi scindé en deux parties pour explorer la double signification du terme “cutting”. Un premier espace s’ouvre sur un environnement empli de sons, associant une installation sonore de Nao Nishihara à la musique composée par Phill Niblock et interprétée par Ensemble IRE, David Maranha, Stephen O’Malley, Deborah Walker, Elisabeth Smalt et le groupe vocal japonais Vox humana. Associée à la lumière qui inonde Le Forum, cette installation sonore “nourrit” un ensemble de plantes, illustrant le concept “de bouture et de greffe”. Un deuxième espace, introduit par une toile de Philippe Decrauzat, renvoie cette fois à la “coupure” imposée aux institutions culturelles par la pandémie à travers un film documentaire de Mathieu Copeland, narré par Henry Rollins et accompagné d’une bande son signée FM Einheit. En utilisant les mots clefs “couper, greffer et monter”, le commissaire propose des écosystèmes nourris par des organismes hybrides comme autant de nouveaux territoires offerts aux visiteurs.
Troisième exposition de l’année 2021, “Les Couleurs en Jeu” de Julio Le Parc se déploie au Forum et au-delà, pour investir la globalité de la maison Hermès de Ginza, jusqu’à la façade de verre qui accueille une œuvre à grande échelle. Âgé de 92 ans, l’artiste international d’origine argentine, installé en France depuis 1958, poursuit inlassablement sa recherche chromatique à partir d’un éventail de quatorze couleurs. Explorant la répétition, la rotation, les effets de contraste et de variation, le travail de Julio Le Parc crée de multiples sensations auprès du visiteur : vibration des images, vertige de l’infini, expérience ludique du mouvement… Première exposition personnelle du plasticien au Japon, "Les Couleurs en Jeu" offre une riche immersion dans son œuvre, réunissant des tableaux de jeunesse, des séries emblématiques comme La Longue Marche ou les Lames réfléchissantes, mais aussi des mobiles, autre axe de recherche significatif pour cette figure majeure de l’art contemporain.