L’année 2018 voit l’ouverture d’un nouveau cycle du programme de Résidences d’artistes, un programme initié dès 2010. Les parrains de ce cycle, d’une durée de trois années, sont des artistes reconnus avec lesquels la Fondation entretient une complicité active : il s’agit de Michel Blazy, Isabelle Cornaro et Françoise Pétrovitch.
Pour la première année de ce cycle, Françoise Pétrovitch a choisi d’être la marraine de Sébastien Gouju (France, 1978), qu’elle connaît depuis plusieurs années et dont elle apprécie le travail de collage, de dessin et de sculpture. À la Ganterie-Maroquinerie de Saint-Junien, dans le Limousin, où il est le premier artiste accueilli en résidence, Sébastien Gouju découvre le travail du cuir. Une matière inédite, dont il conjugue les propriétés physiques avec son vocabulaire plastique lors de sa résidence, entre octobre 2018 et février 2019. Intitulée Contre jour et réalisée avec l’appui des savoir-faire des artisans, son œuvre puise ses racines dans l’imaginaire collectif associé au cuir. Mêlant les univers animaux et végétaux en une étonnante nature morte, elle laisse entrevoir un ”Jardin d’Éden crépusculaire”.
La Cristallerie Saint-Louis, à Saint-Louis-lès-Bitche, accueille son septième artiste en résidence en la personne d’Emmanuel Régent (France, 1973). Sur le prestigieux site mosellan, l’artiste parrainé par Michel Blazy se frotte pour la première fois au cristal et à ses savoir-faire d’exception. Il imagine d’abord une mystérieuse sculpture composée de plusieurs éléments de cristal bleu. Figurant le tumulte d’une mer de glace au sein de laquelle un navire s’est engouffré, l’œuvre constitue un hommage à un chef-d’œuvre du maître du paysage romantique allemand, Caspar David Friedrich. Avec la complicité des artisans, l’artiste adapte également le procédé de l’aquarelle à la technique du cristal, et réalise plusieurs variations poétiques autour des nuages.
En résidence entre juin et août 2018 à la Maroquinerie de Normandie, à Val-de-Reuil, Vassilis Salpistis (Grèce, 1975), parrainé par Isabelle Cornaro, déplace sa pratique sur une surface picturale inédite. L’artiste, qui revendique une diversité formelle et technique dans son approche de la peinture, imagine une œuvre à double face, à partir d’une même pièce de cuir. Jouant avec les différences de surfaces et de textures, les variations entre teintes peintes et naturelles, empreintes du pinceau et nervures de la peau, il révèle les propriétés physiques de la matière. Suspendue et mise en forme par son propre poids, la sculpture qu’il réalise évoque l’antiforme d’un Robert Morris.