Cette année 2016 correspond à la fin du deuxième cycle du programme de Résidences d’artistes, initié dès 2010. Les parrains de ce cycle d’une durée de trois années sont des artistes reconnus avec lesquels la Fondation entretient une complicité active : il s’agit de Jean-Michel Alberola, Ann Veronica Janssens et Richard Fishman.
Dans son travail, Bianca Argimon (Belgique, 1988) est souvent à la recherche de “ce qui va révéler des points de contradiction de notre monde contemporain”. Une version toute personnelle du jardin d’Éden se dévoile parmi les œuvres qu’elle a créées lors de sa résidence au sein de la Holding Textile Hermès, en région lyonnaise. Parrainée par Jean-Michel Alberola, la plasticienne a décliné ce thème en une farandole de saynètes, imprimées sur différents types de soie. La décomposition méthodique des formes et couleurs de ses dessins, séquencés sur plusieurs voiles du précieux textile, confère une dimension mystérieuse à son paradis perdu.
En résidence à la Cristallerie Saint-Louis, à Saint-Louis-lès-Bitche, Lucia Bru (Belgique, 1970) s’est emparée du cristal sous toutes ses facettes pour réaliser plusieurs œuvres. Reconnaissant éprouver un “amour de la déformation” dans ses sculptures, la plasticienne parrainée par Ann Veronica Janssens a d’abord plongé des masses de cristal dans un bain d’acide, selon la technique du polissage. Les blocs de matières pures ont ensuite été manipulés à chaud, déclinés en des dizaines de petits cubes avant d’être sablés, polis et mêlés à des prismes en céramique de taille équivalente. Porteuse d’une réflexion sur l’instabilité physique des êtres et des choses, l’œuvre qui en résulte se révèle puissamment poétique.
Avant sa résidence chez John Lobb (JL & Co), à Northampton, Anastasia Douka (Grèce, 1979) ne soupçonnait pas la richesse du savoir-faire à l’origine des chaussures de cuir de la manufacture anglaise. S’intéressant tant au matériau qu’à ceux qui le travaillent, la plasticienne parrainée par Richard Fishman a interrogé près d’une centaine d’artisans sur leurs propres goûts en matière de chaussures. Filmés, les entretiens composent un portrait pluriel de la manufacture et de la communauté qui l’anime. L’artiste s’est ensuite appuyée sur les paroles recueillies pour créer autant de paires de chaussures de cuir, personnalisées en fonction des préférences de chacun. Un tour de force impossible à engager sans le concours des artisans, et l’appropriation par l’artiste de certains de leurs savoir-faire.