Cette année 2012 correspond à la troisième année du premier cycle du programme de Résidences d’artistes, initié en 2010. Les parrains de ce cycle d’une durée de quatre ans sont des artistes reconnus avec lesquels la Fondation entretient une complicité active : il s’agit de Susanna Fritscher, Richard Deacon, Giuseppe Penone et Emmanuel Saulnier.
À Saint-Louis-lès-Bitche, en Moselle, Oliver Beer (Angleterre, 1985) intègre les précieux savoir-faire des artisans de la Cristallerie Saint-Louis à ses recherches plastiques autour de la mise en espace du son. L’artiste parrainé par Susanna Fritscher réalise plusieurs œuvres, dont Outside-In, une vitre en cristal prenant la forme d’un cornet acoustique. À l’instar du coquillage porté à l’oreille, cette “sculpture de fenêtre” ouvre sur le monde extérieur. Réinventant l’une des pièces phares de Saint-Louis, Oliver Beer imagine également une série de trois presse-papiers intitulée Silence is Golden. Chaque écrin de cristal renferme un moulage en or à échelle réelle de l’un des trois osselets de l’oreille moyenne, ici contraint au silence absolu.
En résidence chez Puiforcat, Oh You Kyeong (Corée, 1980) explore les savoir-faire pluriséculaires de la haute orfèvrerie. Intégrant à son univers plastique des techniques telles que le cliquetage, le tournage ou l’avivage, l’artiste parrainée par Giuseppe Penone imagine une œuvre alliant cultures occidentale et orientale. Avec beaucoup de minutie et la complicité des artisans, elle crée des formes géométriques simples en métal argenté de différents volumes, qui, assemblées, représentent six pagodes. Empreintes d’une forte symbolique spirituelle, ses Pagodes de la Lune renvoient à l’architecture religieuse bouddhiste, tout en évoquant le souvenir des objets cultuels dessinés par Jean Puiforcat au début du XXe siècle.
Dans l’Ain, Félix Pinquier (France, 1983) découvre le travail du cuir auprès des artisans de la Maroquinerie de Belley. Également trompettiste, le plasticien parrainé par Richard Deacon poursuit ses recherches autour de la transformation de phénomènes acoustiques et visuels en sculpture. Évoquant le son tout en étant parfaitement silencieuse, Station est composée de onze montants en acier, sur lesquels dix rubans de cuir sont enlacés et tendus. Impressionnante, la sculpture semblable à un gigantesque soufflet incarne l’écriture d’une onde sonore. Une quatrième dimension, mentale, résonne à l’esprit de la personne qui la regarde.
Parrainé par Emmanuel Saulnier, Andrés Ramirez (Colombie, 1981) effectue sa résidence à la Holding Textile Hermès située à Pierre-Bénite, au cœur du bassin lyonnais. Se nourrissant plus particulièrement de savoir-faire comme l’impression sur soie et la fabrication des couleurs au sein des Ateliers AS, il imagine Lost in Love. Fasciné par la symbolique contemporaine, l’artiste a notamment travaillé une série d’images, de collages et d’éléments graphiques empruntés à l’univers de la communication visuelle. Qualifiée de “nécessaire contemporain à aimer”, son œuvre compose un paysage en perpétuelle évolution, l’objectif n’étant pas le résultat fini mais la démarche permettant d’y arriver.