Cette année 2010 inaugure le premier cycle du programme de Résidences d’artistes. Les parrains de ce cycle d’une durée de quatre ans sont des artistes reconnus avec lesquels la Fondation entretient une complicité active : il s’agit de Susanna Fritscher, Richard Deacon, Giuseppe Penone et Emmanuel Saulnier.
À la Maroquinerie des Ardennes, Simon Boudvin (France, 1979) débute sa résidence en interrogeant chaque artisan sur son parcours. Ces rencontres le conduisent aux ruines des ardoisières de Rimogne, situées à proximité, où il mène une enquête archéologique, historique et sociologique, à travers des relevés topographiques précis. Au sein de la manufacture, l’artiste parrainé par Giuseppe Penone développe en parallèle un travail sur les vides et pleins générés par la coupe du cuir. Avec l’appui des artisans, il gaine un bureau réalisé sur mesure par un ébéniste local. Les chutes de la coupe des cuirs, enroulées sur elles-mêmes, évoquent pour lui des formes abstraites et trouvent une fonction : celle de moule pour la fabrication de modèles de plâtre.
En résidence à la Cristallerie Saint-Louis, en Moselle, Olivier Sévère (France, 1978) se concentre sur l’étude des matières, l’exploration de leur nature, de leur chimie et de leurs contraintes physiques. Jouant avec le cristal et les multiples formes que lui a fait prendre le travail des verriers à travers les siècles, l’artiste parrainé par Emmanuel Saulnier imagine l’œuvre De rien ne se crée rien. Chaque pièce réalisée avec les artisans fait appel à différents métiers du travail du cristal, à chaud et à froid. En détournant certains effets caractéristiques pour réaliser plusieurs ensembles de “pierres”(galets, pavés, ardoises, roches…), il reconstitue un cycle perpétuel de la matière. La roche se délite en sable, lui-même utilisé dans la composition du cristal qui sera exploité pour reproduire l’aspect des pierres…
Dès son arrivée à la Maroquinerie de Sayat, en Auvergne, Elisabeth S. Clark (Angleterre, 1983) est immédiatement frappée par les gestes des artisans au travail. L’artiste parrainée par Susanna Fritscher les associe spontanément à une danse, s’arrêtant tout particulièrement sur un mouvement circulaire exécuté lors de la couture du point sellier. Son observation attentive lui inspire l’élaboration d’un cercle de bois de quatre mètres de diamètre, entièrement gainé de cuir blanc. Installé à la verticale dans l’atelier, il offre un cadre circulaire aux scènes qui se jouent au quotidien. Une simple ligne se trace dans l’espace et oriente le regard. L’œuvre propose ainsi un focus sur la dextérité maîtrisée des gestes des artisans, un geste sur le geste.
Parrainé par Richard Deacon, Benoît Piéron (France, 1983) expérimente les savoir-faire du travail de la soie au sein de la Holding Textile Hermès, en région lyonnaise. L’artiste imagine une installation nomade, un lit tendu de soie imprimée qu’il qualifie de “support de rêve et espace d’accomplissement du drame du mariage”. S’inspirant des archives de la Holding pour les motifs de ses draps et tentures, il mène également des recherches ethnologiques sur les tissus d’apparat utilisés dans les pratiques nuptiales de plusieurs civilisations. Enfin, il élabore son Lit et ses parures de soie avec la complicité des coloristes et des infographistes de deux autres entreprises du pôle, Sport Soie et la Société d’Impression sur Étoffe du Grand Lemps (SIEGL).