Cette année 2011 correspond à la deuxième année du premier cycle du programme de Résidences d’artistes, initié en 2010. Les parrains de ce cycle d’une durée de quatre ans sont des artistes reconnus avec lesquels la Fondation entretient une complicité active : il s’agit de Susanna Fritscher, Richard Deacon, Giuseppe Penone et Emmanuel Saulnier.
En résidence chez Puiforcat, en région parisienne, Marine Class (France, 1983) s’inspire des objets Art déco de la collection Jean Puiforcat, et plus généralement des arts de la table. Avec le concours des artisans, l’artiste parrainée par Richard Deacon découpe, ajuste et soude des plaques de laiton. Celles-ci sont ensuite mises en forme par le pliage et le martelage, puis passées à l’argenture. Intitulée Reliefs de table, l’œuvre finalisée compose une nature morte hybride. Alliant usage domestique et fantaisie créative, l’ensemble, mis en scène sur une nappe représentant une carte marine du Canada, évoque un navire échoué entouré de deux récifs.
Parrainé par Emmanuel Saulnier, Sébastien Gschwind (France, 1973) expérimente le savoir-faire de la Maroquinerie de Saint-Antoine, à Paris et conçoit l’œuvre Un genre humain. Entre tambours et cages à fauves, quatre modules de taille croissante sont constitués chacun d’une peau entière fixée sur une ossature circulaire. Il existe trois possibilités d’installation de l’œuvre, qui peut être repliée sur elle-même, étendue à l’horizontale ou dressée à la verticale. Dans cette dernière configuration, elle fait alors simultanément référence aux Musiciens de la ville de Brême des frères Grimm, et au Monument à la Troisième Internationale de l’artiste Vladimir Tatline. La solidarité des animaux du conte fait ainsi écho à l’utopie architecturale.
Atsunobu Kohira (Japon, 1979) a souhaité rendre hommage à l’histoire pluriséculaire de la Cristallerie Saint-Louis, en Moselle, où il a été accueilli en résidence. Ainsi est née Instrument pour Saint-Louis, une sculpture formée de deux demi-sphères géodésiques. Celles-ci renferment un mécanisme horloger dont l’aiguille, en frottant le bord de la sphère supérieure, matérialise le temps qui passe. Toutes les soixante secondes, ce son est scandé par un bruit plus net, résultant d’une encoche taillée dans l’une des faces. À travers son œuvre, l’artiste parrainé par Giuseppe Penone opère la synthèse des techniques de travail du cristal, manipulé à chaud puis à froid, tout en mettant en exergue la merveilleuse propriété sonore de ce matériau d’exception.
En résidence à la Maroquinerie de Pierre-Bénite, en région lyonnaise, Émilie Pitoiset (France, 1980) appréhende la richesse des savoir-faire des différents ateliers. Avec la complicité des artisans et de sa marraine, Susanna Fritscher, l’artiste conçoit un rideau de scène au titre romantique : Giselle. Une cinquantaine de formes identiques en peau d’agneau, matériau privilégié pour sa souplesse, composent la pièce. Pliées à la main, puis pressées grâce à une pierre spécifique afin de créer un motif en relief, elles ont ensuite été collées les unes aux autres. L’artiste revendique la position de l’entre-deux : annonçant un moment à venir ou baissé après le spectacle, le rideau noir s’offre au regard du public.