Pour ce nouveau cycle de Résidences, Gaël Charbau invite quatre artistes qui explorent chacun un univers de la maison Hermès : la maroquinerie pour Matthieu Haberard, l’orfèvrerie pour Julie Villard & Simon Brossard, la soie pour Bianca Bondi et, enfin, le cristal pour Linda Sanchez. Au terme de chaque résidence, un Cahier de résidence, coédité par Actes Sud et la Fondation d’entreprise Hermès, retrace le processus de production. Par ailleurs, afin de créer un maillage culturel entre chaque manufacture et son territoire, les œuvres produites dans le cadre des Résidences sont désormais exposées au sein d’une institution culturelle locale. Un large public est ainsi invité à découvrir des créations marquées par des savoir-faire inscrits dans leur région.
Résidences d’artistes en 2022
Au début de l’année 2022, Matthieu Haberard est accueilli au sein de la maroquinerie de Guyenne, à Saint-Vincent-de-Paul, en Nouvelle-Aquitaine. Né en 1991 à Toulouse, ce plasticien diplômé des Beaux-Arts de Paris en 2016 est engagé dans une pratique valorisant le « fait main » volontairement éloignée de la technologie. Puisant son inspiration dans le monde de l’enfance, il crée notamment des sculptures hybrides aux accents fantastiques, à l’image du projet conçu au cours de sa résidence, intitulé Au fond ensemble : une épée au format monumental dont la lame, réalisée en cuir, figure une queue — ou une langue ? — de dragon. Cette pièce, qui revêt une souplesse paradoxale grâce à ses écailles méthodiquement cousues selon un geste maroquinier, a été exposée à l’été 2022 au musée des Arts décoratifs et du design (madd) de Bordeaux.
En parallèle, le duo Simon Brossard & Julie Villard explore les savoir-faire de l’orfèvrerie chez Puiforcat, à Pantin, en Île-de-France. Respectivement nés en 1994 à Créteil et en 1992 à Carpentras, les deux plasticiens formés à l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy travaillent ensemble depuis 2016. Leur vocabulaire formel emprunte indifféremment à l’Art nouveau, au design, au jeu vidéo et à la science-fiction pour façonner à partir d’esthétiques industrielles des sculptures étranges mêlant le mécanique et l’organique. Chez Puiforcat, le duo crée de nouvelles formes troublantes associant résine et laiton peint qu’ils ont travaillé de manière inédite. À l’opposé des créations à la rigoureuse géométrie de Puiforcat, les artistes font émerger des volumes d’apparence souple, voire écrasée, revisitant leur univers futuriste à l’appui des savoir-faire de l’orfèvrerie. Assemblés, ces éléments aux couleurs vives constituent de longs membres articulés émergeant d’une coque en résine suspendue. Cette œuvre aux accents fantastiques, Perform Puppet, est exposée en juin 2023 à Pantin dans le cadre de la biennale Émergences.
Résidence d’artiste en 2023
En 2023, la Holding Textile Hermès (HTH), à Pierre-Bénite, en Auvergne-Rhône-Alpes, accueille Bianca Bondi. Née à Johannesburg (Afrique du Sud), la plasticienne a étudié à la Wits School of Arts de sa ville natale, puis à Paris-Cergy. En perpétuelle évolution, ses pièces s’appuient sur des matériaux dont elle maîtrise les propriétés physiques de métamorphose, en écho aux problématiques environnementales. Immergée au sein des Ateliers d’ennoblissement d’Irigny de HTH, Bianca Bondi s’initie aux savoir-faire de la teinture pour mieux détourner la technique du tie and dye. En quête de couleurs éclatantes, elle obtient une vaste gamme de nuances, parfois de manière inattendue comme avec la pluie d’un orage qui a laissé son empreinte sur la soie soumise au séchage. L’artiste fabrique des silhouettes félines enserrées dans les étoffes. Le chatoiement des teintes et la délicatesse de la matière confèrent un caractère précieux à ces « momies » de chats, hommage aux rituels de l’Égypte ancienne. Le public est invité à découvrir cet ensemble de sculptures, intitulé Chrysalis, au printemps 2024 dans le cadre d’une exposition au Musée d’art contemporain de Lyon (macLYON).
Résidence d’artiste en 2024
En 2024, enfin, Linda Sanchez, née à Thonon-les-Bains en 1983, effectue sa résidence au sein de la Cristallerie Saint-Louis, à Saint-Louis-lès-Bitche, dans la région Grand Est. Diplômée de l’École supérieure d’art d’Annecy-Alpes, la plasticienne recourt à des procédés, dispositifs ou mécaniques pour aboutir à des formes et objets spécifiques. Sans autoritarisme, elle célèbre la liberté du matériau en conjuguant expérimentation et rigueur.